A matter of life and death
PROGROCK rec. - 53’59 -
UK ‘04
Style : néo-prog «à la Jetho tull»
Cotes : DR2-PR3
Le sixième album de
Guy MANNING (mais le premier sur ce label) est un concept basé sur le
personnage de Abel Mann, dont Guy avait déjà commencé à nous parler dans son
album de 1999. Multi-instrumentiste, il s’occupe luimême de beaucoup de
choses: voix, claviers, batterie, percussion, mandoline, guitare électrique, et
surtout guitare acoustique, visiblement son «dada». C’est d’ailleurs avec
cet instrument qu’on le retrouve dans le Tangent de son ami Andy Tillisson.
Lequel fait quelques apparitions ici, notamment sur un remarquable solo de Moo Harwood,
et Rick Ashton), il eut aussi la bonne idée de s’entourer d’une
panoplie d’excellents musiciens, batteur, flûtiste, violoncelliste, ce qui
donne une richesse sonore incontestable à l’ensemble.
La production est excellente, en très net progrès. Les multiples couches de claviers sont parfaitement agencées (beaucoup d’orgue et de mellotron), et les guitares merveilleusement cristallines. Qu’il se montre très atmosphérique ( The river of time) ou très folk ( Silent man), ou même très pop-néo ( The dream), Manning me fait de plus en plus penser à Jethro Tull. Cela devient vraiment du Ian Anderson, d’autant que sa voix nasillarde légèrement chevrotante sur les fins de phrases fait obsessionnellement penser au troubadour flûtiste unijambiste.
Il me revient constamment des effluves de Songs from the wood. Vous avouerez qu’il y a pire comme référence. Il y a vraiment sur ce disque beaucoup de profondeur. La seule chose qui pourrait en irriter certains, finalement, c’est précisément cette voix particulière. On aime ou on n’aime pas. Surtout que c’est «très» chanté.
En plus du côté musical, la contribution artistique de Ed Unitsky pour la pochette et le livret est tout à fait remarquable. Un bon point supplémentaire, donc. Encore un. On pourra toujours rétorquer que ce genre de disque manque d’envergure, d’ambition, et surtout de créativité.
C’est possible. A chacun de connaître les
ingrédients qu’il recherche prioritairement dans la musique. Avec Manning on
sait à quoi s’en tenir, du néoprogressif issu d’un vieux Tull calme et
symphonique revisité, avec goût et précision du geste. Et aussi deux ou trois
incursions dans le pop-rock mélodique ( Midnight sail), pas toujours aussi bien
réussies que lorsqu’il s’en tient à son style de prédilection.
Pierre Romainville